Selection

VINCENT François André (Paris 1746-id.1816)

Suzanne et les vieillards

Huile sur toile, 71 x 57 cm
Peint vers 1778/1780 au retour d’Italie
Reprise du tableau du même sujet par Jan Van Noordt (Amsterdam 1623/24-1676), aujourd’hui conservé au Fine Art Museum de San Francisco.

Elève de Vien, contemporain et rival de David, ami de Fragonard, Vincent incarne à lui seul l’évolution de l’art au 18ème siècle, puisque après des débuts rococo, il fut avec David, un des fondateurs du Néo-classicisme. Ses œuvres passèrent régulièrement sous des noms illustres (David ou Fragonard, mais aussi Velazquez, Tiepolo, Delacroix et Géricault) et témoignent toujours d’un artiste brillant, curieux et désinvolte, passant aisément d’une technique libre et fougueuse à un dessin plus maîtrisé et des compositions plus réfléchies.

Fils de François-Elie Vincent (1708-1790) miniaturiste d’origine genevoise, François André naît à Paris et se forme d’abord auprès de son père avant d’entrer dans l’atelier de Vien à l’Académie. Prix de Rome en 1768 il séjourne de 1771 à 1775.à la Villa Médicis, dirigée à l’époque par Natoire. A Rome Vincent rencontre Fragonard qui lui présente Pierre-Jacques-Onésyme Bergeret de Grancourt (1715-1785) richissime financier et un des plus importants mécènes du 18ème siècle. Séduit par le portrait que Vincent fit de Diane, sa levrette (Besançon, Musée des Beaux-arts et d Archéologie) Bergeret devait acheter plusieurs tableaux à notre peintre. C’est avec Bergeret et Fragonard que Vincent voyage dans la péninsule en 1773, allant avec eux jusqu’à Naples. De retour à Paris, en 1776 après un séjour à Marseille, Vincent est agrée à l’Académie en 1777. Il figure pour la première fois au salon la même année avec plusieurs tableaux dont un Bélisaire (Montpellier, Musée Fabre) qui précède donc celui de David.

De sa rencontre avec Fragonard, Vincent garda jusque son retour à Paris, le goût pour une peinture enlevée, une touche libre et épaisse et une grande fougue dans l’exécution. Notre tableau qui date de 1778/80 témoigne de cette influence. Peint d’après un tableau de même sujet (fig.1) du néerlandais Jan Van Noordt (1623/24–1676), tableau que l’on pensait à l’époque de Rembrandt, cette œuvre révèle le brio d’un artiste ouvert aux leçons contemporaines d’un Fragonard puis d’un David tout en maîtrisant les leçons du passé, notamment celle de Rembrandt, par l’intermédiaire d’un de ses fidèles suiveurs.

De santé fragile, Vincent devait ralentir son activité sous la Révolution et se consacra essentiellement à l’enseignement. Peintre d’histoire, il fut également un grand portraitiste, un éblouissant dessinateur et un caricaturiste drôle et incisif.

Nous remercions Monsieur Jean-Pierre Cuzin, qui prépare la monographie de Vincent d’avoir confirmé l’attribution de l’œuvre de visu. Le tableau sera inclus dans son catalogue raisonné.

Suzanne et les vieillards

VINCENT François André (Paris 1746-id.1816)