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HONTHORST Gerard (1592 Utrecht 1656)

Sainte Thérèse d'Avila

Huile sur toile
97 x 75 cm
Provenance: Vraisemblablement dans la collection du Cardinal Massimi, Rome. Un inventaire rédigé en 1677 mentionne un « quadro di mezza figura di Santa Teresa, alto palmi 4 e largo a proportioni, di mani di Gherardo » (J.A.F Orbaan, 1920, p.251).
L’inventaire mentionne un autre tableau de l’artiste, un Saint Augustin de Canterbury, (fig.1) vraisemblablement le tableau du Palazzo Reale à Gênes, qui présente de nombreuses affinités avec notre Sainte Thérèse (voir photo comparative)
Collection privée, Rome
Littérature :: -C. Marsicola, “Note allo Spadarino”, in Prospettiva, 16, Florence 1979, p. 46, fig. 2 (Spadarino)
-Gianni Papi, “Novita sul soggiorno italiano di Gerrit Honthorst”, dans Paragone, 1990 p.55
-E. Giffi Ponzi, “Due dipinti di Gerrit Van Honthorst a Genova”, dans Bollettino d’arte, 60, 1990 p.97
-Loredanna Lorizzo, “Spiritualità carmelitana nelle opere romane del pittore olandese Gerrit Van Honthorst", dans S. Danesi Squarzina, Fiamenghi che vanno e vengono non li si puol dar regola – Paesi Bassi e Italia fra cinquecento e Seicento : Pittura, Storia e cultura degli emblemi, Roma 1995, p. 167
-Gianni Papi, Gherardo delle Notti, Gerrit Honthorst in Italia, Soncino, 1999, n°13 p.140-141, reproduit p.171
-Loredanna Lorizzo, “Gerrit Van Honthorst detto Gherardo delle Notti”, dans A. Zuccari, I caravaggeschi, Percorsi e protagonisti, 2010, tome II, p. 471, note 32
Ce magnifique tableau dont l’attribution à Honthorst peut surprendre au premier abord, s’intègre pourtant logiquement dans la période italienne de l’artiste et témoigne une nouvelle fois des rapports étroits entre le peintre et la ville de Gênes. C’est en effet dans cette ville qu’eut lieu la première fondation en dehors d’Espagne de l’Ordre Carmélite réformé de Sainte Thérèse.
Dès 1584, soit deux ans à peine après la mort de la Sainte, le père Niccolo Doria décida la construction du couvent et de l’église de Santa Anna dans les hauteurs de Gênes. Honthorst y peignit une Sainte Thérèse couronnée par le Christ (fig.2), toujours en place, pour laquelle Gianni Papi proposa en 1990 une attribution à l’artiste, juste avant que E. Giffi Ponzi ne publie deux documents la confirmant et situant son exécution en 1615 ou 1616. Les nombreuses affinités de style entre ce tableau et notre Sainte Thérèse confortent l’attribution à Honthorst, également proposé par Papi et Giffi Ponzi en 1990. Elle est du reste, confortée par la mention d’une Sainte Thérèse de l’artiste, dans l’inventaire rédigé en 1677 de la collection du Cardinal Massimo à Rome, très vraisemblablement notre tableau, vu les concordances de dimensions.
Dans cette toile austère mais d’une grande rigueur spirituelle, Honthorst démontre son talent de peintre religieux. On appréciera notamment l’onctuosité du lourd drapé du manteau, la précision d’exécution du livre et des mains typiquement nordiques ainsi que la sobriété chromatique. Honthorst démontre qu’il est bien le meilleur peintre caravagesque nordique actif à Rome dans la deuxième décennie du 17ème siècle. Seul Ter Brugghen pourrait lui contester cette primauté, mais on n’a retrouvé à ce jour aucune œuvre certaine de sa période italienne. Autre témoignage de l’estime dont Honthorst jouissait auprès des commanditaires, les nombreuses commandes que lui adresse la curie pour décorer les églises, aussi bien à Gênes, Florence, Rome ou Albano. C’est bien plus que le nombre obtenu par Cecco, Spadarino, Manfredi ou Ribera, c’est-à-dire des quatre plus fidèles suiveurs du Caravage selon Mancini.

Sainte Thérèse d'Avila

HONTHORST Gerard (1592 Utrecht 1656)